Valls 2 : l’alignement confirmé – chronique 97

Août 27, 2014 | Chronique politique | 5 commentaires

L’inflation des commentaires sur le nouveau gouvernement est inversement proportionnelle à l’importance de l’événement.

Défiés dans leur autorité par deux barreurs de petit temps, François Hollande et Manuel Valls ont exclu Arnaud Montebourg et Benoît Hamon lors d’une rapide opération visant la clarification et la cohérence.

Cela aurait pu se faire par le jeu habituel des démissions et des nominations. On a préféré constituer un nouveau gouvernement qui poursuivra la politique économique que les ministres évincés avaient été incapables d’empêcher : soumission au patronat sous prétexte de « compétitivité », alignement sur le gouvernement allemand afin d’obtenir des concessions qui ne sont jamais faites.

La nomination d’Emmanuel Macron à Bercy est logique : c’est le représentant des banques, l’ami des grands patrons, très apprécié par la chancelière allemande. Mais cette logique est atroce : elle est le point d’aboutissement d’une trahison proclamée, qui institue l’ultralibéralisme en dogme officiel devant lequel tout ministre doit s’incliner.

Manuel Valls proclamera cependant que ce gouvernement est à gauche puisque Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem y représentent la tendance « sociétale ». Ruse grossière, destinée à rendre plus acceptable l’obéissance des députés tentés par ce qu’on appelle la fronde. Ces élus, et Arnaud Montebourg lui-même, seront jugés sur leurs actes. Il ne suffit pas de dénoncer l’échec de la politique d’austérité. Comme Jean-Luc Mélenchon, tous les dirigeants socialistes qui mèneront leur combat sans faire le choix décisif de la sortie de l’euro connaîtront un échec qui aggravera la crise économique et politique qui nous meurtrit.

***

 

 

Partagez

5 Commentaires

  1. CRIBIER

    Puisque le gouvernement, en accord avec le Président de la République, a tombé le masque de la clarification et de la cohérence, à savoir la soumission à Bruxelles et au Patronat, pour espérer naïvement le redressement de la France, il reste aux députés frondeurs à faire preuve de la même clarification et cohérence, en ne votant pas la confiance au gouvernement si celle-ci est demandée, ou la future loi de finances.

    Il sera ainsi démontré que le gouvernement ne dispose pas d’une majorité parlementaire pour imposer ses choix et qu’il appartient donc aux Français de se prononcer, après dissolution de l’Assemblée nationale.

    La crédibilité de ces députés sera jugée aux actes et non aux paroles, et leur avenir sans doute davantage assuré par le courage politique face à leurs électeurs, que par la soumission aux leaders de leur parti politique.

    Quant à Arnaud Montebourg, il ne lui reste plus qu’à quitter le Parti Socialiste et fonder autre chose, ou à faire scission au sein de ce Parti, s’il veut être cohérent avec lui-même.

  2. VINCENT Paul

    Socialisme mou ou socialisme « Mollet » ?

    Le « socialiste » Guy Mollet était arrivé au pouvoir dans le sillage de Pierre Mendès-France en ayant mis à son programme de faire la paix en Algérie comme celui-ci l’avait faite en Indochine. Il était inimaginable pour ses électeurs qu’il y enverrait le contingent et que, pour essayer de gagner la guerre à tout prix, il irait jusqu’à y laisser (ou y faire) pratiquer la torture. C’est parce que nous avions été trahis par Guy Mollet, que je n’ai plus pris le risque de l’être par François Hollande. Ceux qui commencent à en avoir le sentiment deviendront bientôt à leur tour des électeurs perdus pour le parti dit « socialiste ». Vraiment pas la peine de voter pour de soi-disant « socialistes » qui feront ce que n’aurait pu faire la droite si elle avait gardé le pouvoir et que les socialistes étaient restés dans l’opposition !

  3. Jacques Payen

    L’acuité de votre analyse me frappe par sa concision.

    Qu’ajouter, en effet ?

    Une sombre prémonition, peut-être. Sans doute partagée.

    Tout cela finira bien mal.

    Pas pour le parti dit socialiste dont a la droit de se ficher comme d’une guigne.

    Mais pour le pays que nous aimons.

  4. jlb

    Valls est l’homme politique du PS qui était le plus proche des idées de Tony Blair. Il est logique qu’il soit en phase avec le patronat.
    Il est possible que le PS suive la voie des travaillistes ou des autres sociaux-démocrates européens.L’exception française en Europe serait terminée.

  5. OLIVIER COMTE

    Chronique et commentaires exemplaires.
    Le projet économique socialiste est, semble-t-il, de « rassurer le patronat ». Quelques buts, même secondaires, seraient les bienvenus.

    L’ Etat et la Nation disparaissant sous le manteau présidentiel, on peut s’ inquiéter de voir se développer les discours (de gauche) qui posent que tout Etat central est par nature totalitaire. La Nation étant traditionnellement porteuse de passions sanguinaires.

    Ce nouvel obscurantisme, oint des huiles sacrées européennes, conduit, on l’ a peu remarqué, à la haine d’ Israël, Etat Nation juif que son indépendance et son triple vice de nature ne peuvent que conduire à des violences inexplicables.
    Qu’ Israël soit le seul pays qui lutte contre le fascisme islamiste semble échapper aux tenants de la disparition de la Nation.