Russie : Les petites haines du grand monde

Nov 24, 2003 | Chemins et distances

 

Quelques intellectuels et les dirigeants du Monde clament en toutes occasions leur haine de Vladimir Poutine. Leur passion les aveugle à tel point qu’ils en sont venus à soutenir les oligarques qui ont pillé la Russie.

Certains veulent faire oublier leur engagement fanatique dans l’extrême gauche. D’autres ont eu tellement peur de l’armée soviétique au temps de la guerre froide qu’ils voudraient que la Russie soit condamnée à vivre dans le chaos et l’humiliation : comme ils furent heureux au temps de Boris Eltsine !

Tous ceux-là, qui compatissent de loin aux souffrances des indépentantistes tchétchènes, se moquent pas mal du malheur qui frappe l’ensemble des habitants de la Tchétchénie et de la misère d’une grande partie du peuple russe.

Ce qui importe aux bien-pensants, c’est de condamner, au nom de la morale et du droit, l’ensemble de la politique de redressement que mène Vladimir Poutine. Leur haine est telle qu’ils en sont venus à désigner comme valeureux résistants tous les ennemis du président russe.

Déjà, en mai dernier (numéro 816) nous nous étions étonnés du soutien apporté par Le Monde (et Le Figaro) à Vladimir Berezovski, célèbre affairiste réfugié à Londres après avoir fait fortune en pillant les richesses de la Russie.

Le même clan parisien s’est à nouveau indigné lorsqu’un autre oligarque, Mikhaïl Khodorkovski, richississime patron de Ioukos, a été accusé de divers délits financiers et jeté en prison. On clama que la démocratie était menacée, on décrivit une Russie sombrant dans la crise et l’éditorialiste du Monde (8/11/03) écrivit fièrement que « l’Europe de M. Poutine n’est pas la nôtre ».

Pourtant, le Kremlin n’est pas en feu, les milieux d’affaires occidentaux, qu’on disait révulsés, n’ont pas cessé de faire des affaires en Russie et Vladimir Poutine n’a pas affronté de manifestation hostile lorsqu’il est venu à Paris pour signer un très important accord de coopération aérospatiale.

Comme un événement heureux ne vient jamais seul, on remarquera que les excommunications fulminées par « Le Monde » et par M. Glucksmann n’ont pas eu le moindre effet : la politique européenne de la France ne se fait pas à Saint Germain des Prés.

Il s’agit en effet de politique européenne car la Russie fait depuis toujours partie de l’Europe. Ses misères et ses tragédies – la guerre civile en Tchétchénie tout particulièrement – sont les nôtres et son avenir n’est séparable du nôtre. C’est pourquoi nous nous réjouissons de la restauration de l’autorité de l’Etat à Moscou et du redressement de l’économie russe, qui implique la mise au pas des oligarques et autres voyous en col blanc.

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(1) Cf. l’excellent article de Jacques Sapir : « La seconde mort politique d’Eltsine », Le Monde du 4 novembre.

 

Article publié dans le numéro 826 de « Royaliste » – 24 novembre 2003

 

 

 

 

 

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