Présidentielle : un candidat de rêve

Juil 6, 2011 | Res Publica | 1 commentaire

Je rêve d’un candidat à la présidence de la République décidé à respecter la lettre et l’esprit de la Constitution. Tous les candidats se présentent en républicains exemplaires et tous ou presque ont vertueusement dénoncé un jour ou l’autre la « dérive monarchique des institutions » (1). Pourtant, c’est en autocrates potentiels qu’ils s’adressent aux Français !

L’un d’entre eux est passé du discours à la pratique : il se comporte effectivement en autocrate, chef de la majorité parlementaire et du parti dominant, au mépris de la Constitution. De nouveau en campagne, si tant est qu’il ait cessé de l’être, Nicolas Sarkozy accumule les promesses sur l’agriculture, les fermetures d’école, la répression de la délinquance… et dans les prochains mois nous l’entendrons évoquer cent autres sujets. Ses rivaux socialistes répliqueront sur le même terrain, clamant qu’ils feront mieux sans que cela coûte plus cher : point n’est besoin de préciser, nous connaissons tout de cette compétition d’illusionnistes.

Je rêve d’un candidat sortant du jeu démagogique pour mener une campagne destinée à montrer qu’il est capable de remplir les fonctions assignées au président de la République par la Constitution. Il rappellerait aux Français que l’Elysée n’a pas l’initiative des lois et que ce n’est pas dans ce palais qu’on rédige les règlements ; il préciserait que le président de la République ne peut se substituer au Premier ministre et aux membres du gouvernement et qu’il doit être indépendant du parti majoritaire. Dès lors, le candidat à la présidence ne ferait pas campagne contre la droite ou contre la gauche, il ne tenterait pas de séduire l’extrême droite par un durcissement de son discours sur l’immigration ou l’extrême gauche par des messages « sociaux » : c’est sur le rôle spécifique du président de la République qu’il attirerait l’attention des citoyens.

Je rêve d’un candidat qui commencerait par citer l’article 5 de la Constitution : «Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.

« Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ».

Le respect de la Constitution, c’est l’exigence, pour le chef de l’Etat, de laisser sa liberté au gouvernement qui « détermine et conduit la politique de la Nation » (article 20) et au Premier ministre qui « dirige l’action du Gouvernement » et qui « dispose de l’administration et de la force armée » selon l’article 21.

Dès lors, mon candidat rêvé expliquera qu’il veillera à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, mis a mal par Nicolas Sarkozy, et qu’il n’a ni politique fiscale, ni politique pénale – les projets en ces domaines et les programmes économiques et sociaux devant être débattus lors de la campagne pour les législatives afin d’éclairer le choix des Français sur les députés à l’Assemblée nationale et sur le gouvernement qui sera par la suite constitué.

Le candidat pourrait donc définir précisément comment il entend accomplir sa tâche : il lui faudrait dire comment il conçoit sa fonction arbitrale en lien avec le respect de respect de la Déclaration de 1789 et des Préambules constitutionnels. Un débat pourrait s’engager avec lui sur les lois qu’il pourrait refuser de contresigner – au cas où il y aurait viol manifeste de nos principes fondamentaux.

Bien entendu, le candidat aurait à s’expliquer sur la manière dont il compte garantir l’indépendance nationale et comme « le Président de la République négocie et ratifie les traités » aux termes de l’article 52, il lui faudrait expliquer comment il conçoit la politique étrangère de la France et, en tant que « chef des Armées », la manière dont elle doit se défendre. Des citoyens pourraient alors l’interpeller sur les guerres d’Afghanistan et de Libye, sur la crise de la zone euro et sur l’avenir de l’Union européenne.

Somme toute, il y aurait débat entre les Français sur la France… Ce n’est qu’un rêve pour les soirs d’été.

***

(1) Je ne veux pas troubler les candidats en soulignant un point bien connu de nos lecteurs : la Constitution de 1958 est monarchique parce qu’elle érige le chef de l’Etat en arbitre politique, gardien de ce qui est essentiel à la nation.

 

Editorial du numéro 995 de « Royaliste » – 2011

 

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1 Commentaire

  1. CRIBIER

    Il pourrait aussi dire qu’il n ‘accepterait pas de cautionner la
    nomination de ministres impliqués dans des affaires ou mis en
    examen,qu’il se laisserait libre appréciation sur la nomination des
    ministres qui lui seraient proposés par le 1er ministre,chef du
    gouvernement et de la majorité parlementaire,notamment pour
    les domaines dont il est principalement responsable : la défense,
    la justice,les affaires étrangères, l’intérieur, en tant que garant
    de la constitution.

    Il pourrait faire connaître sa volonté de redevenir en tant que
    garant de l’indépendance de la justice, le président du Conseil
    supérieur de la magistrature.

    Il pourrait faire savoir sur quel grand sujet de société il
    envisagerait d’appeler les Français au référendum ou demanderait
    l’organisation d’Etats Généraux.

    Il indiquerait que laissant le Premier ministre gouverner, il ne
    manquerait pas, lors de la fixation de l’ordre du jour du Conseil
    des ministres qui lui revient , d’ajouter les points qui lui
    paraitraient avoir été négligés, ou d’ajourner ceux ayant été
    indûment favorisés.

    Il ne manquerait pas de dire qu’il présiderait le Conseil des
    ministres en arbitre, conseiller, médiateur et fédérateur de la
    nation.

    Il indiquerait qu’il se réserverait en cas de crise sociale aigüe,
    ou de crise politique ou de crise gouvernementale, après
    consultation des Présidents des deux chambres, de dissoudre
    l’assemblée nationale, toujours en tant qu’arbitre constitutionnel.

    Il pourrait faire remarquer qu’étant garant de l’unité nationale,
    veillant à la cohésion nationale et se considérant élu au service
    de tous les Français, et non comme leader d’un parti politique,il
    envisagerait de proposer l’introduction du scrutin proportionnel
    aux élections législatives afin que chaque tendance politique
    puisse y être équitablement représentée, de même qu’une réforme de
    la représentation au Sénat.
    Etc ……………………………………………………..