Populisme à la française ou Front Républicain ? – par Jean-Philippe Immarigeon

Nov 18, 2018 | Billet invité | 7 commentaires

 

Avocat, docteur en droit public, essayiste et historien, Jean-Philippe Immarigeon a publié plusieurs essais dont La diagonale de la défaite (Bourin Editeur, 2010), et Pour en finir avec la Françamérique (Ellipses, 2012).

 

C’est, pour les libéraux de droite et d’extrême centre, le combat du millénaire : leur progressisme contre les populismes. Du Brésil à l’Allemagne, tout semble accréditer que la montée du ressentiment contre le système précipite les électeurs vers des partis illibéraux. Mais la situation en France reste singulière : ces partis plafonnent, le RN ex-FN ne décolle pas de son étiage de 5-6 millions d’électeurs, et la France Insoumise ne parvient à rassembler que l’extrême gauche, les déçus de la SFIO et les derniers communistes. LREM, LR, Modem et UDI campent solidement dans un Marais toujours majoritaire. Mais le Huron des Lumières découvrirait bien vite qu’un gisement électoral attend qu’on réponde à ses attentes, celui de ces Françaises et de ces Français qui se détournent des urnes. Or aucun parti dit populiste ne semble en mesure de conquérir cet électorat et d’accéder au pouvoir.

Une vision fausse de ce qu’est la France

Récusons tout d’abord le terme générique de populisme. S’il est assumé, crânement, aux extrêmes de l’échiquier politique, il conserve un côté péjoratif. Et puis il y a des histoires particulières chez chacun des peuples concernés, des pulsions différentes et des traumatismes singuliers : quoi de commun entre le redneck qui vote Trump, l’ancien d’Eaton qui adhère au Brexit, et l’ex-métallo de Lens qui glisse un bulletin Insoumis après avoir voté Le Pen durant trente ans ? Il y a surtout, en France, l’engerbement sous ce même vocable de courants aux origines et aux fondements antagonistes.

Pour le RN ex-FN, on peut toutefois, sous certaines réserves, parler de populisme. Apparu au début des années 80 sur un terreau qui devait alors essentiellement à une nostalgie de mauvais aloi pour Vichy et l’OAS, il a rapidement atteint son plafond de verre pour des raisons historiques évidentes. On ne saurait refaire des guerres perdues. Le changement de raison sociale ne suffira pas : il n’a jamais été qu’une machine familiale à cash, et penser qu’il puisse survivre à la tribu ou lui déborder est une vue de l’esprit. Un électorat ne se transmet pas comme l’héritage Lambert, d’autant que l’analyse politique que prétend porter l’extrême-droite est une faute historique.

La France n’est pas une nation comme les autres ; elle « est une chose très considérable et très valable », répétait Charles de Gaulle en 1965. Est-elle un peuple ou une nation ? Si les deux termes nous semblent interchangeables, c’est que la France est une histoire évolutive et l’adhésion à ce principe d’évolution. L’identité française est multiple sur deux millénaires. Elle a toujours intégré et encore plus souvent dilué des cultures exogènes, mais n’a jamais transigé sur le principe fondateur qui lui a donné son nom : celui d’une nation de femmes et d’hommes libres. D’où cette frénésie d’expériences. Aucun peuple n’a connu autant de systèmes politiques, juridiques, sociaux, religieux ou a-religieux que la Grande Nation. Il y a eu sept ou huit France, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Pour comprendre il faut être darwinien. Dire par exemple que la France devenue républicaine reste d’essence catholique est une ânerie. Qu’elle ait sécularisé les fondements de la Contre-réforme est une évidence, mais c’est précisément parce qu’elle les a transcendés, comme nombre de principes ancestraux, qu’elle-même perdure et qu’elle les a sauvés – ce qu’une France restée catholique n’aurait pu faire, à l’image de ces nations disparues parce qu’elles n’ont jamais fait de Nuit du 4 août ou écorché vif de prêtres vendéens au porche de leurs églises.

L’idéologie lamarcko-freudienne, hérésie scientifique qui prétend qu’on se constipe de préjugés ou de traditions éculées, cette vision essentialiste que les racialistes de droite ont en commun avec les Indigènes du PIR, cette hypermnésie qui racrapote l’identité française à une question de prénoms de calendrier conciliaire n’a aucun sens. Mon grand-père québécois dut batailler ferme, en 1929, pour déclarer ma mère sous un prénom qui n’était pas celui d’une sainte et qui, à l’époque, n’était porté que par les Britanniques et les Américaines. Jusqu’à ce que l’officier d’état-civil cède de bonne grâce après s’être couvert de ridicule : « Mais enfin, Monsieur Lachance, puisque je vous dis que France, ce n’est pas français ! ». A chacun sa Maritza.

Mais à gauche on retrouve cette même négation d’un destin français. Car si la France n’est pas qu’une accumulation de strates immunisant contre d’hypothétiques invasions comme autant de nouvelles Lignes Maginot, elle n’est pas pour autant un agglomérat de groupes épars et perdus qu’il s’agirait de fédérer quitte à réinventer l’eau tiède.

Penser local pour agir global

La première erreur est de raisonner à partir d’expériences lointaines – étrange tropisme bolivarien – pour y plaquer une analyse marxisante et schmittienne, gloubi-boulga dont Chantal Mouffe s’est fait la pythie. La seconde erreur de ce qu’elle nomme populisme de gauche est de faire compliqué quand on peut faire simple, de chercher à créer de toutes pièces un peuple qui existe déjà en France. La troisième erreur est de dater de la crise de 2008 la prise de conscience de la faillite du progressisme et de l’économisme. Or les bacheliers de France apprennent les réserves de Jean-Jacques et le Discours sur les sciences et les arts. Et ils lisent la première révolte FMI, cette Guerre des farines de mai 1775 qui vit Turgot sortir la troupe et le gibet pour imposer la libéralisation du prix du pain. Nous n’avons jamais entretenu d’illusions sur un libéralisme dont la planète découvre l’imposture avec deux siècles et demi de retard sur nous. Si l’avenir de Macron, Lacombe Lucien de la main visible du capitalisme, est scellé, c’est que le village réfractaire gaulois tient tête depuis longtemps.

Or de même qu’identitaristes et indigénistes chassent sur le même terrain, de même Mouffe et ses amis d’une gauche qui se veut aussi décomplexée qu’une droite rétrograde tente de l’être, partant d’une idéologie internationaliste pour tenter d’en imposer à la plus vieille nation du monde, voient le piège libéral se refermer sur eux dès lors, pour reprendre cette formule de Tocqueville dénonçant le despotisme économique, qu’ils invoquent le genre humain pour mieux oublier les individus. Il n’y a qu’un voile entre Podemos et Davos. Quant à savoir lequel sert d’idiot utile à l’autre, le rapport de force suffit à répondre.

C’est pourquoi les expériences étrangères sont vouées à l’échec dans une France qui, il y a vingt ans, était l’objet de toutes les attentions mais qui, en cette fin 2018, est singulièrement en retard. Car dans ces heures de grande incertitude qu’on nous dit être de nouveau celles des années trente, c’est vers la République que se tournèrent les Français tandis que leurs voisins versaient dans le fascisme. Pour anticiper cela il faut faire comme tous les grands politiques et les grands stratèges : penser local pour agir global, et non l’inverse comme nous y invitent tant le post-marxisme mélenchonien que le macronisme post-libéral.

Vive la France… quand même !

Si Front Républicain il doit y avoir, il doit partir de la base et non de théories élitistes perchées, sinon c’est un démagogisme. Que nous disent les Français qui, depuis le référendum de 2005, ne se déplacent plus pour aller voter ? Au risque de verser dans l’emphase, qu’il n’est pas question qu’un libéralisme supposé d’essence naturelle réduise en cendres les principes pour lesquels l’Encyclopédie fut écrite et la Bastille prise. Que la Révolution a d’ailleurs rejeté ce jusnaturalisme que les libéraux voulaient nous voir copier sur les institutions américaines, pour adopter un légicentrisme d’inspiration rousseauiste. Que la France a enseigné aux nations qu’elles devenaient maîtresses de leur destin. Que même si c’est une illusion, il s’agit là d’une fiction utile, tout comme l’est la pirouette qui prétend que la voix de majorité exprime la volonté générale. Enfin que cette expression a donné à la France les Codes Napoléon ou la Sécurité Sociale qui ne sont pas négociables, même au nom d’un rêve européen auquel nous avons cru.

Ces Français se trouvent à gauche comme à droite, à l’exception de ce petit groupe qu’un mien ami historien qualifie de « parti espagnol » comme au temps de la Ligue, celui de Coblence, de Sigmaringen, de Davos ou des plages du Touquet. Mais on les trouve également dans des corps régaliens épuisés par vingt années de casse, dans des armées qu’on rabaisse au rôle de supplétives des forces américaines au nom d’une illusoire interopérabilité, dans une justice qu’on abolit au prétexte de la dématérialiser, dans une police qu’on laisse seule face à une criminalité décomplexée. On les trouve dans la santé à laquelle on applique des règles comptables privées, dans l’éducation qui s’étiole, dans la recherche qu’on assèche, dans la culture qu’on appauvrit. Ce gisement parcourt toute la société française qu’il faut ramener aux urnes avec un discours aux tonalités jacobines et souverainistes, tout en refusant le fantasme de la Petite France du nationalisme.

Les Français sont ces déracinés de l’intérieur qui disent aussi que si l’Europe est une belle dame dont nous devons être les obligés, la France reste une grande chose qui a coûté le sacrifice de millions des leurs sur les champs de batailles et sur les barricades. Qu’il est peu de nations qui se soient fait autant violence à elles-mêmes, dans les guerres comme dans la paix, et qu’aucune ne s’est autant accouchée dans la douleur. Que ses principes qu’elle croit universels sont le fruit de ces siècles de luttes intestines et de spéculations philosophiques, et qu’il ne suffit pas de les taxer de valeurs de « la classe moyenne blanche » (comme le professe un Geoffroy de Lagasnerie) pour se dispenser de les discuter. Car aux attaques menées de concert par un libéralisme et un identitarisme qui n’ont jamais accepté la Révolution française, est venu s’adjoindre un racialisme dit post-colonial.

Immigration, un débat biaisé

Un Front Républicain ne doit pas se tromper : l’urgente question n’est pas celle de l’immigration, et les huluberlus du Grand Remplacement, qu’ils soient encartés RN ou Frères Musulmans, devraient retourner en CM2 reprendre des cours d’arithmétique et comprendre qu’à données constantes, il faudrait plus d’un siècle pour que les Français d’origine immigrée soient à égalité avec les autres. Le problème n’est pas un communautarisme étranger à nos valeurs, mais l’hostilité ouverte à celles-ci. On voit une troisième génération qui n’a jamais mis les pieds au bled, s’approprier un soi-disant traumatisme familial et refaire une guerre que leurs ascendants ont effacée de leur mémoire. Mais allez expliquer à un petit-fils de résistant FLN qu’il n’est comptable ni de la Bataille d’Alger ni de la Bleuite, pendant que la psychanalyse disserte sur la soi-disant dette transmise par les parents !

Sur cette pulsion de revanche, qui pousse des gamins à rejeter la République, se greffe bien entendu la question religieuse. Si elle n’est pas le premier facteur délétère, il n’est pourtant plus tenable de procéder par paralogisme et cacher le retour des obscurantismes sous les oripeaux du particularisme culturel ; d’autant que derrière les brèches ouvertes par un Islam salafiste, ce sont les religions dites concordataires qui tentent de réinvestir le domaine social et politique.

On ne va pas discuter de la laïcité, personne ne sait ce que c’est, et aucun texte ne la définit. Le problème est celui du piège tendu par le discours sur une prétendue neutralité de la République : pourquoi être neutre ? Qui a dit que la laïcité était la neutralité ? Les rois, la Révolution, l’Empire ont-ils été neutres face à Rome ? L’article 10 de 1789 stipule que la religion est une opinion comme une autre, réfutable comme une autre ; et l’article premier de cette loi de 1905 que tout le monde évoque sans l’avoir jamais lue, garantit la liberté de conscience et le libre exercice du culte, mais certainement pas la sanctuarisation de l’affichage religieux dans l’espace collectif. La loi de 1802 avait même interdit toute expression publique dès que deux cultes étaient présents dans une même commune. La liberté de penser française doit-elle capituler devant une prétendue liberté religieuse ? Au risque de fâcher l’ONU et même la CEDH, pourquoi respecter davantage les Sourates du Coran ou les Epitres de Paul que les tweets de Trump ? Voilà un sujet clivant qui transcende les choix partisans mais aussi les obédiences, et nombreux sont celles et ceux qui, même croyants et y compris chez nos compatriotes musulmans, refusent de replonger dans des querelles féodales qui polluent la Cité.

Le gisement d’électeurs en déshérence est donc immense, tout le monde le sait, tout le monde l’a identifié. Et pourtant, entre les captifs d’une idéologie libérale totalisante – pour ne pas employer un autre vilain mot – et ceux d’une nostalgie guevarienne déjà périmée il y a un demi-siècle, aucun de nos politiques ne cherche à le cultiver au-delà de récupérations acrobatiques de circonstance. Mais ce ne sont ni la Guerre des farines de 1775, dont les Gilets Jaunes sont les lointains épigones, ni l’émeute Réveillon à la veille des Etats-Généraux qui ont par elles seules fait basculer la France. Car « pour que la Révolution soit, écrivait Victor Hugo dans Les Misérables, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche, que Beaumarchais l’annonce, que Condorcet la calcule, que Voltaire la prépare, que Rousseau la prémédite ; il faut que Danton l’ose. » Qui osera ?

Jean-Philippe IMMARIGEON

 

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7 Commentaires

  1. cording

    La tentative de créer un populisme de gauche sous l’égide de la pensée Chantal Mouffe n’est que la tentative de faire pièce à un populisme de droite qui s’approprie et monopolise des thèmes populaires comme l’ordre, la sécurité et la nation que la gauche lui a abandonné. Cependant si ce populisme a connu un succès relatif en Espagne, en France c’est bien plus problématique parce qu’il est porté par de vieux militants profondément marqués par une culture de gauche voire d’extrême-gauche ( Mélenchon et ses proches ) qui reste internationaliste au plus mauvais sens du terme c’est-à-dire de négation de l’Etat et de la nation, l’Internationale mais pas la Marseillaise.
    C’est bien pourquoi le populisme de gauche échouera parce que ses initiateurs ont bien trop du mal à faire cette mue. Comme le RN ils ont un plafond de verre donc ils ne peuvent incarner ce Front républicain. Cependant cette mue serait bien plus simple comme l’indique J-Ph Immarigeon.

  2. Yannick THOMAS

    Populiste : mot « inventé » par des politiciens véreux de droite comme de gauche pour se maintenir au pouvoir, et relayé par des journalistes à la botte puisque l’état finance les feuilles de choux dans lesquelles ils vomissent
    J’ai fait le choix (après essai dans la région de CHARTRES lors d’élections municipales) d’entrer dans l’arène politique quand le moment s’y prêtera le mieux Non par opportunisme, mais par réalisme Je crois qu’il arrive

  3. PenArBed

    Vous écrivez : « Le gisement d’électeurs en déshérence est donc immense … aucun de nos politiques ne cherche à le cultiver au-delà de récupérations acrobatiques de circonstance ….. Qui osera ? »
    Dans son discours d’août 2018 aux Ambassadeurs Macron termine par une référence au discours prononcé en 1978 par Soljénitsyne devant les étudiants de Harvard :
    Macron : ‘Il y a 40 ans, quasiment jour pour jour, Soljénitsyne prononçait à Harvard un très grand discours qu’on a appelé après le Déclin du courage, et il disait déjà à peu près tout de ce que je viens de décrire, sur la fragilité du monde occidental qu’il avait pourtant découvert et qui était perçu comme le lieu de toutes les promesses. Ce que nous devons enrayer aujourd’hui, c‘est précisément le déclin du courage ».
    Mais il se garde bien de dire que Soljénitsyne y dit aussi ceci :
    Soljénitsyne :  »Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel mais ce ne sont pas ces gens là qui donnent sa direction à la vie de la société (…) Il est exclu qu’un homme sortant de l’ordinaire, un grand homme qui voudrait prendre des mesures insolites et inattendues, puisse jamais montrer de quoi il est capable : à peine aurait-il commencer qu’on lui ferait dix crocs-en-jambe. C’est ainsi que sous prétexte de contrôle démocratique on assure le triomphe de la médiocrité ».
    L’actualité donne raison à De Gaulle tout comme à Philippe Séguin : De Gaulle (Mémoires d’espoir) :  »L’arbitraire centralisation provoquera toujours en retour la virulence des nationalités ». Séguin (en 1992 à l’Assemblée nationale) :  »Qu’on y prenne garde, c’est lorsque le sentiment national est bafoué que la voie s’ouvre aux dérives nationalistes et à tous les extrémismes! »
    Qui osera ? Dans ces temps rongés par la médiocrité, je ne vois que le hasard qui en soit capable.

  4. MARTINE DUPLAINE

    Très belle et brillante chronique. Cependant, à la veille de la signature du Global Compact for migration à Marrakech (10 et 11 décembre prochains), l’ONU venant à la rescousse d’une UE quelque peu dépassée et pourtant tellement collabo de la stratégie migratoire coercitive, il est difficile d’être d’accord avec une telle réduction à quasiment néant du problème de l’immigration – i.e. le leitmotiv du nombre constant d’immigrés, depuis les lendemains de la 2de guerre mondiale, et comme de bien entendu la bonne intégration d’une majorité, la problématique ne se résumant qu’à « quelques débordements salafistes »…

    Alors même que la stratégie migratoire coercitive, qui s’accélère à un tel rythme que nous avons du mal à suivre, n’était pas aussi active qu’aujourd’hui, j’ai vu des villes de banlieue se transformer totalement en moins de cinq ans, et devenir invivables.

    Ce qui s’est passé au Kosovo peut fort bien arriver à la France – ne pas rire – c’est même la voie que nous prenons, et c’est tellement tout un symbole, que les Rois soient en la Basilique de Saint-Denis quand on voit ce que devient l’environnement. Lorsqu’il évoquait la partition, F. Hollande ne disait pas que des bêtises. Partition ne veut pas dire, loin de là, que l’on arrête de verser des subventions, et de faire de la redistribution (énergie, allocations – les Serbes en savent quelque chose), pour une population très peu « active »… sauf certain business qui leur rapporte pourtant beaucoup.

    Les gens qui parlent de grand remplacement ne sont pas des hurluberlus, ils font simplement, inlassablement, la une des organismes de … je vais dire un gros mot … défakation gouvernementale *. Vous m’avez comprise, si vous fréquentez un peu les rubriques de « débunkers » de prétendus hoax, lesquels ne sont en fait que le politiquement incorrect, pourtant le vécu quotidien et indéniable des Français – à qui l’on demande de rester dignes, non racistes, et de ne pas faire d’amalgame – la formule est tellement répandue. L’AFP a la sienne (Factuel), France Info (Vrai ou Fake), Beufeumeu et les grands quotidiens ont la leur ! Et c’est époustouflant, de prendre autant les citoyens pour des abrutis, des aveugles, ou les deux mon Général…

    Et celui qui a le mieux parlé de ce « grand remplacement » est bien le fameux commissaire européen grec, qui a affirmé, textuellement, que pas un recoin de l’UE, pas un m2, n’échapperait aux migrations massives – il a même ajouté que c’était bon pour nous, en raison de l’effondrement de notre natalité (il parlait de l’UE en général bien sûr, et non du très bon élève France, merci l’argent-braguette). Comme on peut s’y attendre, les mots mêmes de ce commissaire font l’objet d’un redressement et leur interprétation logique passe pour un hoax désormais, tant sur le site de la Commission européenne que dans les organisations gouvernementales. Bonne gestion !

    Sur les ascendants qui auraient effacé de leur mémoire la guerre d’Algérie, c’est faux, que de générations élevées dans une haine tenace ! « Nos » jeunes n’ont pas inventé ça tout seul ; j’ai suffisamment fréquenté les lycées de vilaines banlieues, pour les avoir entendus s’exprimer, nous avions même un surveillant qui se mettait en tête de gondole à la cantine et expliquait aux lycéens que les Français étaient tous des Pétain (ou tous des collabos, selon le jour), ou encore il leur décrivait l’horreur unilatérale de la guerre d’Algérie, un autre jour il se plaignait : selon lui, seuls les souchiens pouvaient obtenir un HLM (d’ailleurs sa soeur attendait depuis dix ans. Quand on sait que c’est le contraire, et qu’ils raflent tout (ce qui crée les ghettos – par le seul mécanisme du nombre de leur progéniture). Les « toubabs » aussi, attendent plus de dix ans et même toute une vie) ; un autre jour il faisait la promotion du voile. J’ai essayé de discuter avec lui et de le raisonner, en vain. J’ai fini par aller trouver le chef d’établissement, qui m’a dit : « je sais. Mais on ne peut rien faire. Il est surveillant … titulaire ! »

    Je ne nie pas, attention, le traumatisme de la guerre d’Algérie. Mais oui, la haine est tenace, très tenace, et même exprimée, revendiquée par les nouveaux migrants – et il en arrive, à flux continu, d’Algérie, il n’y a pas que les pateras, ils viennent, en ligne régulière maritime, ou par avion, avec un simple visa tourisme ou étudiant. Et ne repartent plus. Jamais.

    Quant à cette assertion « à données constantes, il faudrait plus d’un siècle pour que les Français d’origine immigrée soient à égalité avec les autres » (!!!), nous savons tous que c’est la prise en compte statistique de l’INSEE et consorts, qui vise à nous faire croire que leur nombre n’augmente pas (on joue avec les naturalisations, dont le processus s’est au XXIème siècle considérablement accéléré). Et maintenant, on n’a pas besoin des sociologues (dont les dernières moutures bien nées nous expliquent avec délices que l’immigration non seulement ne coûte pas mais rapporte, et que parmi les migrants il y a un plus fort taux d’entrepreneurs que parmi les souchiens (!!!) – sûr que si on débloquait les mêmes fonds, ces derniers retrouveraient le goût d’entreprendre, non ?) ; on a juste besoin de sortir un peu : Lille Roubaix Tourcoing, Paris RP, Lyon St Etienne, Toulouse, Marseille, Aix, Béziers, Nîmes, mais aussi la Normandie et la Bretagne qui changent à une allure terrible ! Que les mosquées poussent comme des champignons est quand même un autre indice – à mon humble avis inquiétant tout comme les noms donnés aux mosquées, ainsi la dernière de Poitiers, une belle injure à l’histoire de France, mais nous avons l’habitude !

    * a quand même été classé « fake » – il faut le faire ! – le reportage de deux femmes franco-arabes voulant se réapproprier des cafés de banlieue parisienne dans lesquels il n’y a que des hommes, qui expriment bien clairement que les femmes sont indésirables ! Quand on connaît parfaitement tous ces cafés ! Quelle mauvaise foi…

  5. Immarigeon

    @ Martine Duplaine. Merci de votre commentaire. Deux petites remarques. J’ai bien écrit résistant FLN sans guillemets (je me place de leur point de vue), les quelques vieux messieurs que je connais dans ce cas n’ont justement aucune animosité ni revendication, ils ont « fait le job » en tant qu’Algériens même s’ils n’en sont pas si fiers que ça en tant que Français. Ce sont les autres, ceux qui n’ont rien fait, ceux qui n’ont pas connu cette guerre, qui la fantasment et la ramènent. Sur les taux de fécondité et d’immigration, c’est précisément un chiffre qu’on aimerait discuter, or si l’INSEE embrouille tout, les huluberlus du Grand Remplacement ne sont pas plus clairs. Ainsi, ils appliquent aux Beurettes un taux de fécondité qui n’est plus depuis dix ans celui de leurs cousines au Bled, le Maroc et la Tunisie ayant chuté sous 2.0, l’Algérie s’y maintenant difficilement. Et de fait le taux de fécondité de nos Beurettes n’a pas chuté seulement par assimilation mais parce que culturellement, au Bled également, il a chuté par mimétisme avec la France. Ainsi les populations de souche « européenne » comme « maghrébine » sont tout juste en France au seuil de renouvellement, toutes les deux. L’accroissement en pourcentage de la population non-européenne en France ne tient donc que sur l’entrée d’Africains et un taux de fécondité en moindre chute qui reste au dessus de 3. Or les Africains représentent moins de 5 {9ef37f79404ed75b38bb3fa19d867f5810a6e7939b0d429d6d385a097373e163} de la population. Pour que leur nombre atteigne, disons, la parité à 40-45 millions (le chiffre de la population européenne qui se renouvelle tout juste), il faudra donc, avec ces chiffres – et on aimerait bien que lesdits huluberlus nous en donnent d’autres – environ un ou deux siècles.

  6. DUPLAINE Martine

    Oui, tout à fait d’accord sur le fait que les plus vindicatifs sont ceux qui n’ont pas connu cette guerre. Tout à fait d’accord aussi sur la décrue du taux de fécondité des jeunes d’origine maghrébine (je n’aime pas les termes beur, beurette). Reste la nouvelle donne. L’Afrique certes, qui arrive à une vitesse effrayante – mais dont une partie, plus particulière, du Maghreb, je veux parler de l’Algérie – se déverse concrètement massivement sur la France, et nous le savons tous – rien n’est fait pour empêcher ou ralentir ce phénomène, bien au contraire (visas de « tourisme » et prochains visas étudiants, qui devraient eux aussi être portés à 500.000, ne soyons pas naïfs, ce dispositif ne nous amènera pas des Norvégiens, des Britanniques, des Australiens…). Pour les Africains, moins de 5{9ef37f79404ed75b38bb3fa19d867f5810a6e7939b0d429d6d385a097373e163} de la population ?… que D.ieu vous entende mais je trouve que de visu, déjà, cela donne à réfléchir. Cela fait d’ailleurs quelques naissances dans la rue et dans le métro que je parie avec mes amis, que quand ça déborde à ce point, ça vient d’Afrique. Dans les trois derniers cas j’ai eu raison, et à chaque fois c’était avec une maman qui venait d’arriver, depuis quelques mois (et d’ailleurs se faisait du souci quant à la possibilité de rester sur le territoire français – quelle erreur (ou quelle fausse naïveté) ! Enfanter, être malade (cf. le récent trafic de certificats), autant de raisons de rester à vie !). Je reste persuadée que « cela va trop vite », et que chaque nouveau migrant (nous savons que nous ne recevons quasiment que des moins de quarante ans, mâles, dans la force de l’âge donc et n’ayant rien d’autre à faire) se multipliera par huit à dix, en moins de dix ans – et comptons ces arrivées massives depuis 2015, non depuis aujourd’hui, sachant que l’accord signé à Marrakech et prétendument non contraignant va ouvrir encore un peu plus les vannes, si besoin était ! Vous tenez décidément aux « huluberlus », je prends les hurluberlus au sérieux (et j’y tiens, à ce R), bien que régulièrement décriés, contestés, classés « fake » ! Vous pourriez jeter un coup d’oeil sur la presse russe, ou tchèque, ou slovaque, il y a parfois des comptes rendus d’un franc-parler incroyable, concernant un long week-end ou une semaine à Paris en touriste – quelquefois, l’oeil d’un pays tiers vaut la peine, j’ai conservé des articles vraiment croustillants et que je ne peux que trouver « tellement vrais », malgré la censure permanente que nous nous imposons à nous-mêmes. Sans aller si loin, j’ai une amie espagnole qui a passé une semaine à Paris (en août pourtant, quand beaucoup sont au pays pour quelques mois), cela faisait sept ou huit ans qu’elle n’y était pas allée, elle n’en croyait pas ses yeux (et ne souhaite plus y aller, car elle était accompagnée de sa très jolie jeune fille – ici en Espagne, nous n’avons pas ces problèmes de « codes culturels » différents) !

  7. Immarigeon

    Paris est une ville-monde, ses proches banlieues est et nord-est également, mais c’est deux millions de Parisiens et trois millions de la proche couronne qui vivent dans un métissage en phase accélérée. Ajoutez certaines villes de province comme Rennes ou Marseille, vous n’êtes encore qu’à 15 {9ef37f79404ed75b38bb3fa19d867f5810a6e7939b0d429d6d385a097373e163}, grand maximum de la population (et pour faire plaisir à la tribu Le Pen et ses statistiques délirantes). Le phénomène des Gilets Jaunes (et l’échec du parti de Mélenchon à Evry, ville-prototype de cette so-called « nouvelle France ») montre que la France dite périphérique reste, et de manière écrasante, majoritaire. Et pour longtemps. Or tant la gauche bobo que Macron et à l’autre bord Le Pen misent, chacun pour des prospectives différentes, sur l’émergence rapide de cette France plurielle mais fantasmée. C’est une erreur grossière stratégique parce que de calcul arithmétique très simple que personne ne veut faire. Je le faisais tout à l’heure avec quelqu’un dans le métro : soit un « stock » de 45 millions de France des Gilets Jaunes (les petits blancs, pour faire simple). Avec un afflux immigrants non-Européens de 50.000 par an (chiffre que même Le Pen n’ose prétendre, donc je vois très large en intégrant les enfants nés en France après leur arrivée), il faut dix ans pour arriver à 500.000 nouveaux Français, un siècle pour 5 millions, et dix siècles pour la parité avec les « Indigènes ». Et si on fait entrer un demi million par an (délirons, délirons), on réduit à un siècle, ça nous met en 2120. Donc durant un siècle, on fait quoi des Gilets Jaunes ? Nos politiques ne savent même pas compter comme un gamin de CM2.