Objectifs de campagne

Sep 13, 2016 | Res Publica

L’enjeu de la rentrée politique, avant une année électorale, ce ne sont pas les programmes mais la définition des thèmes qui seront mis en débat. Avant de lancer des propositions réalistes, les principaux candidats s’efforcent de construire la réalité qui facilitera leur propagande et la seule réalisation qui importe à leurs yeux : celle d’une ambition personnelle qui efface toute autre considération.

Bien entendu, la construction de cette réalité avantageuse laisse dans l’ombre d’autres éléments du réel, non moins importants et parfois décisifs. Ainsi, depuis la fin du mois d’août, nous voyons se mettre en place les débats sur la sécurité des Français face au terrorisme (1), sur le statut de la religion musulmane et sur la laïcité. Accessoirement la droite classique agite la promesse d’une libération des énergies tandis que la gauche balbutie des éléments de langage sur la défense du modèle social qu’elle s’est ingéniée à détruire. Les multiples candidats des deux formations oligarchiques – « républicains » qui insultent la République par la corruption de leurs pratiques et de leurs pensées, « socialistes » ralliés à l’ultralibéralisme – oublient de se disputer sur l’atonie économique et sur l’accroissement vertigineux des inégalités dans la société française mais là n’est pas l’essentiel. Pourquoi ?

Quand nous débattons du djihadisme, du statut de l’islam, de la croissance économique et de l’injustice sociale, nous restons au niveau des conséquences d’actions politiques ou d’inactions politiques qui ont créé les situations à tous égards violentes dans lesquelles nous nous débattons. Nous l’avons déjà dit et nous le redirons tout au long de la campagne présidentielle : il est inutile de se disputer sur les programmes et les postures de MM. Hollande, Macron, Sarkozy, Juppé, Fillon… puisque le vainqueur de la compétition se soumettra immédiatement aux directives de la Chancellerie allemande, de la Commission européenne, du président de l’Eurogroupe, du président des Etats-Unis et de son bras armé, l’Otan.

Cela signifie que la question essentielle est celle de la souveraineté. Souveraineté de l’Etat qui assure la souveraineté de la nation et qui redonne sens à la souveraineté populaire privée de référendum et régulièrement trahie dans ses choix. Cela fait beaucoup d’abstractions en une seule phrase mais ces mots sont des principes constitutionnels et l’application de ces principes a des incidences concrètes immédiates ou à très court terme.

Le retour à la souveraineté monétaire – la destruction de la zone euro – nous permettrait, entre autres avantages, d’en finir avec l’obsession des « économies budgétaires » qui nous prive des effectifs et des équipements militaires indispensables dans la lutte contre le djihadisme et qui prive la police nationale des effectifs et des moyens dont elle a un besoin urgent pour assurer toutes les missions dont elle est chargée.

Le retour à la souveraineté nationale, qui implique la sortie du commandement intégré de l’Otan, nous permettrait de redéfinir une politique étrangère, tout particulièrement sur le continent européen et au Proche-Orient. Pas de lutte efficace contre l’islamisme politique sans rupture avec les habitudes de complaisance et de corruption qui lient l’oligarchie aux fourriers du salafisme-wahhabisme. Pas de solution à la crise des réfugiés sans participation décisive à la réorganisation politique des régions dévastées par les guerres. Pas de relance de notre politique industrielle sans dénonciation des traités qui constitutionnalisent les formules ultralibérales et sans définition d’un projet continental de développement.

Le retour à la souveraineté de l’Etat est la première condition d’une laïcité rigoureusement respectée. L’Etat doit contrôler le financement des établissements religieux lorsqu’ils viennent de l’étranger – à cet égard la nomination de Jean-Pierre Chevènement à la présidence d’une nouvelle Fondation pour l’islam de France est une heureuse initiative du gouvernement. L’Etat doit mettre en garde et éventuellement sanctionner les élus qui pactisent avec les islamistes radicaux et avec les mafias et prendre toutes les mesures d’aménagement urbain et de relance économique qui briseront les clôtures érigées par le communautarisme religieux.

Nous sommes nombreux à concevoir de la même manière les objectifs et les enjeux d’une politique de souveraineté. Le drame, qui pourrait conduire à la tragédie, est que personne n’est aujourd’hui en mesure de l’incarner.

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(1)    Cf. sur ce blog les trois articles que j’ai consacrés en août aux discours sur la guerre.

Editorial du numéro 1105 de « Royaliste » – 2016

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