Après avoir proposé trois lignes de front pour les batailles à venir (1), je voudrais rappeler les objectifs de notre mouvement et de notre journal, sans trop insister cette fois sur notre conviction royaliste, inspirée par la tradition capétienne et concrétisée dans les royaumes contemporains.

Dans l’espérance d’une application en France du modèle européen des monarchies royales, qui constituent autant de point d’équilibre des démocraties nationales, nous nous sommes donnés des objectifs à moyen terme qui procèdent d’évidences : pour faire valoir un projet politique, il faut que le souci politique en tant que tel soit exprimé ; pour mettre en œuvre une réforme institutionnelle il faut qu’il y ait un Etat, une nation, des citoyens, une représentation démocratique. D’où notre très ancien mot d’ordre : sauver la République, autrement dit sauver la Politique.

Notre projet particulier rejoint ainsi des exigences très générales. Et les exemples du défunt comte de Paris, de Siméon de Bulgarie, de Michel de Roumanie, de dom Duarte du Portugal montrent que les rois et les princes de notre temps peuvent, quand ils en ont la volonté, servir loyalement leur pays, dans le respect scrupuleux de la légalité. Telles sont nos références. Elles ne nous ont jamais conduit à exclure d’autres serviteurs de l’Etat ni d’autres familles politiques. Nous pensons et agissons en termes de dialogue entre les traditions de pensée, de rassemblement des forces démocratiques pour le salut de la patrie.

Au risque de nous perdre ? Beaucoup de royalistes sympathisants et d’amis proches ont redouté, tout au long de ces trente années, que nous nous laissions entraîner dans le jeu des complaisances et des compromissions – avec les gauchistes et avec les mitterrandistes tout particulièrement. On ne voulait pas comprendre que notre « gauchisme » était celui de Maurice Clavel, qui n’avait jamais renié la fidélité royaliste de sa prime jeunesse. On ne voulait pas voir que notre « mitterrandisme » ne nous empêchait pas de dénoncer les orientations toujours plus libérales des gouvernements socialistes à partir de 1983. Nous soutenions alors « l’autre politique » souhaitée par Jean-Pierre Chevènement… On s’indignait de nous entendre déclarer au temps de la guerre froide que les communistes étaient « des Français comme les autres » en oubliant la Résistance et aussi, bien avant la NAR, le combat des gaullistes, des communistes et des royalistes contre la Communauté Européenne de Défense.

En portant notre poids d’erreurs et en payant cher quelques illusions, nous avons conçu notre action politique selon trois objectifs politiques :

La défense de la Constitution gaullienne, dans sa lettre et dans son esprit : arbitrage, continuité de l’Etat, indépendance de la nation, dimension symbolique de la fonction présidentielle.

La préparation des « révolutions nécessaires » (la formule est de Georges Bernanos) dans le domaine économique et social – la révolution politique ayant accomplie par le général de Gaulle.

La réalisation de la confédération européenne et la présence active de la France dans le monde.

Notre ligne politique rencontre sur ces trois points celle des gaullistes authentiques – les communistes étant hostiles à la 5ème République. Mais l’alliance entre gaullistes, royalistes, communistes et socialistes patriotes peut se faire pour la défense de l’Etat et de la nation selon le programme pluriséculaire du Parti des politiques. C’est dans cette perspective que nous nous sommes retrouvés après 1974 autour de la revue gaulliste L’Appel, avec les militants de l’Union des Jeunes pour le Progrès, avec Michel Jobert, avec les communistes en rupture de Parti ; après 1981 avec les formations de la gauche gaulliste et cette année lors de la campagne menée au sein du Pôle républicain.

C’est avec les mêmes familles politiques que nous allons continuer le combat, selon les mêmes objectifs. Nous continuons de souhaiter un rassemblement effectif, visible, militant, selon une stratégie claire, rigoureusement définie et démocratiquement adoptée. La décision de rassembler de nous appartient pas. Mais, royalistes ou non, nous savons qu’il nous faut rester tous ensemble afin de défaire à court terme de l’oligarchie et d’en finir avec l’ultralibéralisme français et européen.

***

(1) l’éditorial du n° 795.

 

Editorial du numéro 796 de « Royaliste » – 10 juin 2002

Partagez

0 commentaires