Non aux statistiques ethniques !

Déc 20, 2009 | Res Publica

Manuel Valls veut déposer une proposition de loi autorisant les statistiques ethniques. Quelques soient les calculs personnels de cet étrange « socialiste », il faut faire obstacle à ceux qui, comme lui, veulent fabriquer une représentation raciale de la nation française.

Etre assigné à résidence, c’est fâcheux mais cette situation provisoire commence et cesse par décision de justice. Etre assigné à une « race », c’est atroce car on est enfermé, par définition arbitraire et minimaliste, dans une « nature » plus ou moins visible. C’est surtout dangereux car, dans certaines conditions politiques, le statut privilégié accordé à un groupe (« discrimination positive ») peut se transformer en marquage identitaire permettant la persécution. Le principe d’égalité n’est pas une abstraction, comme l’affirment les partisans de la discrimination positive : il assure au contraire une protection concrète de chaque citoyen.

Cette conception de l’égalité protectrice, la nôtre, celle de la plupart des Français, est effectivement républicaine : la nation française est une collectivité historique fondée sur le droit – précisément la Déclaration des droits de l’homme, les Préambules et la Constitution de 1958. Quant aux populations qui vivent à l’intérieur de nos frontières, la longue histoire nationale nous vaut des apports très divers et c’est le droit qui unifie toutes ces personnes. La réalité sociologique et les différences d’apparence ne sont pas niées par le droit mais elles sont distinctes – avec primauté de la définition juridique.

L’égalité protectrice s’oppose diamétralement à la théorie de l’ « inégalité protectrice » de Charles Maurras qui fait primer une sociologie et une anthropologie élémentaires sur le droit. Bien entendu, les partisans des statistiques ethniques protestent de leurs convictions républicaines et démocratiques et jurent qu’ils veulent seulement lutter contre les pratiques discriminatoires afin de « faire des égaux ». C’est une illusion. Face à la provocation de Manuels Valls, à la campagne que mène Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires et à l’argumentation confuse du sociologue Michel Wieviorka, trois observations (1) doivent être faites :

1/ Dans la lutte actuelle contre les discriminations, il y a rivalité entre les groupes discriminés (la loi en recense dix-huit) et prévalence manifeste des groupes « ethniques », noirs et arabes (2) sur les handicapés, les syndicalistes, les politiques… Ces communautés supposées semblent même l’emporter sur les femmes et les homosexuels dans le tableau d’honneur des victimes. La discrimination positive implique toujours une discrimination négative.

2/ On peut recenser facilement les Français des deux sexes (détenteurs d’un carte d’identité nationale) et les étrangers (ils ont un passeport) mais personne n’est en mesure de donner une définition de l’ethnicité. Le discours ethnicisant conduit immanquablement à une représentation de la nation comme territoire sur lequel coexistent plusieurs races que l’on tente d’ériger en communautés. Cette représentation racialiste est totalement contraire à la tradition politique nationale et à tous nos régimes politiques : royaume, empires, régimes républicains.

3/ L’établissement de statistiques à partir d’un critère flou conduira à établir une liste subjective de groupes qui se constitueront en minorités exigeant des droits, au détriment d’autres minorités raciales, au mépris des appartenances sociales et partisanes et de l’état de citoyen. Cette régression serait lourde de violences radicales : alors que les luttes sociales et politiques se concluent plus souvent par le compromis que par la guerre civile, les conflits entre ceux qui sont assignés à un groupe racial sont inexpiables.

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(1) Pour une critique complète : Elisabeth Badiner et allii : Le retour de la race, contre les « statistiques ethniques », L’aube, 2009. 17 € et Walter Benn Michaels, La diversité contre l’égalité, Raisons d’agir, 2009. 7 €.

(2) guillemets et italiques indiquent que nous refusons de faire entrer ces mots dans le langage juridique et politique.

 

Editorial du numéro 960 de Royaliste – 2009

 

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