Le piéton gaulliste de mai 1968

Juin 9, 2018 | Res Publica | 1 commentaire

 

Ecrivain, grand voyageur familier des routes de l’Orient, Olivier Germain-Thomas a été requis par la politique en des moments décisifs. Et d’abord en Mai 1968.

Il était facile de rester gaulliste avant le 30 mai 1968, si l’on faisait le dos rond, en silence. Il était difficile, et presque impossible, de se proclamer gaulliste, jeune de surcroît, face à d’autres jeunes massivement emportés par un désir de révolution. Pourtant cela se fit, ce printemps-là.

Etudiant à la Sorbonne, méditant sur le bouddhisme des Anciens dans le cadre d’un doctorat, Olivier Germain-Thomas estima qu’il était nécessaire de dire à haute voix ce qu’il pensait, dans un amphi survolté. Il affirma donc qu’une révolution était à faire, ce qui n’était guère original à l’époque, mais la suite ne le fut pas : « cette révolution contre l’argent, contre l’internationale capitaliste et son agent monétaire le dollar, pour la libération des peuples opprimés comme cela a été fait à Phnom-Penh et à Montréal… cette révolution, nous la ferons avec de Gaulle ! ».

Le jeune gaulliste fut promptement exfiltré, retourna rue de Solférino préparer la manifestation du 30 mai : la vieille garde attendait tout au plus 40 000 manifestants et ce fut une foule immense qui déferla sur les Champs-Elysées… Lue cinquante ans plus tard, la proclamation révolutionnaire d’Olivier Germain-Thomas frappe par sa lucidité. Le Général avait commencé d’accomplir des révolutions qu’il voulait prolonger par la Participation, par une nouvelle réforme des institutions et par sa politique étrangère ; après son départ, toutes les dynamiques à l’œuvre furent ralenties puis bloquées par la droite puis par la gauche…

Toujours fidèle aux principes du gaullisme, Olivier Germain-Thomas lutta contre le projet sur le quinquennat et contre l’européisme, poursuivant son dialogue intime avec le Général et avec Malraux, réfléchissant sur les routes de l’Asie à l’avenir de notre civilisation. Ce patriote subtilement enraciné est l’homme des belles et grandes ouvertures sur le monde.

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(1)    Olivier Germain-Thomas, La brocante de mai 68 et ouvertures, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2018.

 

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1 Commentaire

  1. Maurris Karl

    J’avais été bien peiné du départ d’O.G. Thomas de France Culture, et c’est avec plaisir que j’apprends la sortie d’un livre de lui sur ce sujet.

    J’ignorais le parcours gaulliste de l’homme. Parcours atypique. D’ailleurs il faudrait peut-être rappeler ceci (issu de France Culture) : « il devient en 1970 le premier Délégué général de l’Institut Charles de Gaulle sous la présidence d’André Malraux puis administrateur de l’Institut de 1991 à 1994. »

    Merci d’avoir signalé ce livre qui est une des sources de l’émission la Fabrique de l’histoire d’Emmanuel Laurentin intitulée Mai 1968, la réaction gaulliste. https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/mai-68-44-mai-68-la-reaction-gaulliste