Il est inutile de disserter sur le divorce entre le peuple français et ses maîtres : il est consommé.

Entre deux vagues de boue, qui salissent le président de la République et le Premier ministre, un oui de misère a été prononcé le 24 septembre dans une ambiance qui devrait faire peur à tous les dirigeants politiques. Vote de refus et de colère des partisans du non. Votes blancs ou nuls des deux millions de citoyens qui ont voulu marquer ainsi leur défiance. Abstention regrettable, mais faussement indifférente, de ceux qui répondent par le silence aux muets du sérail, et par le mépris à ceux qui méprisent les citoyens – au point de leur refuser toute explication sur le sens et sur les conséquences de la décision qu’ils avaient à prendre.

L’heure n’est plus aux commentaires, ni aux avertissements. Il est inutile d’expliquer une nouvelle fois que les élites qui affichent leur cynisme, leur incapacité et leur corruption sont tôt ou tard vouées à disparaître. Ces élites prétendues, de droite comme de gauche, sont en train de se suicider ou vont être détruites. Les seules questions qui demeurent portent sur la rapidité et la violence de ce processus.

Dans ce moment historique, nous refusons de figurer parmi les spectateurs ou de rejoindre le camp des parieurs ironiques et désabusés. Cette phrase sera lue par les Importants avec une indifférence narquoise. Nous autres les royalistes, nous sommes si peu, si faibles, si pauvres ! C’est vrai. Mais nous ferons très humblement remarquer que nos ancêtres monarchiens et monarchistes constitutionnels, qui ont fait pour une grande part la Révolution de 1789 dans l’indifférence ou l’hostilité de la Cour de l’époque, étaient moins nombreux, moins cohérents, moins organisés que nous. D’ailleurs, il ne s’agit pas pour les royalistes de prendre le pouvoir pour faire l’histoire, mais d’y participer activement.

Cette volonté implique une ligne politique rigoureuse. Ainsi, nous ferons tout, jour après jour, élection après élection, pour mettre en échec toutes celles et tous ceux qui, dans la classe dirigeante, ont  décidé ou approuvé la guerre du Kosovo et qui ont voulu le quinquennat, décidé le référendum, appelé à voter oui ou favorisé la victoire des fossoyeurs de la République gaullienne par leurs appels, lâches et inciviques, à l’abstention. Pas une voix pour Jacques Chirac et les chiraquiens, pour Lionel Jospin et ses ministres, pour les chefs socialistes et leurs otages verts et communistes. Pas une voix pour Jean-Pierre Chevènement qui a pactisé avec le parti des démolisseurs de la Constitution.

Cette volonté suppose un programme politique clairement défini. Quant aux institutions politiques, nous ne cesserons de militer, à court terme, pour le rétablissement du septennat, pour la réforme du mode d’élection des sénateurs, pour l’interdiction faite au Premier ministre de se présenter à l’élection présidentielle pour le mandat qui suit la période pendant laquelle il a exercé ses fonctions. Ceci sans perdre de vue notre projet d’instauration démocratique.

Nous sommes décidés à participer, de toutes nos forces, à la révolte populaire souhaitée par le défunt comte de Paris. Nous le ferons pour ré-instaurer l’Etat dans son indépendance et dans sa dignité. Nous le ferons avec pour constant souci d’éviter la guerre civile et d’inutiles violences sociales, mais pour que s’accomplisse au plus tôt la nécessaire révolution économique et sociale.

A cause de l’impéritie et de la corruption de la classe dirigeante, nous sommes entrés dans une période dangereuse car notre pays représente actuellement une proie facile pour n’importe quel aventurier, pour n’importe quelle faction extrémiste. Nous ne ferons jamais la politique du pire. Ni celle de l’autruche. Une classe est en train de mourir. Nous souhaitons que se déclarent et s’affirment, dans notre tradition politique comme dans les autres, celles et ceux qui ont pour seule ambition de servir la France et le peuple français…

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Editorial du numéro 756 de « Royaliste » – 2 octobre 2000

 

 

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