Créée sur le papier à Londres en juillet 1940, la Marine française libre monte en puissance au fil des ralliements et des reconquêtes territoriales puis participe pleinement à la victoire finale. Luc-Antoine Lenoir retrace ces pages d’histoire militaire et politique (1).

Le 2 juillet 1940, lorsque le général de Gaulle ordonne à l’amiral Muselier de créer les Forces navales françaises libres, celles-ci se caractérisent par l’absence de bâtiments, de logistique et de personnels. Les unités sont dispersées et Darlan, contre l’avis de ses amiraux, a entériné le projet allemand de neutralisation de la flotte, placée sous contrôle allemand… C’est le commandant du sous-marin Narval qui, le premier, lance un appel à rallier les bases britanniques. Malgré le drame de Mers-el-Kébir, des navires et des hommes rallient l’Angleterre si bien que, dès la fin d’août 1940, des opérations peuvent être envisagées en coopération avec la Royal Navy.

En septembre 1940, trois avisos et plusieurs autres bâtiments français participent à la malheureuse opération sur Dakar. Les Forces navales françaises libres participent à la Bataille d’Angleterre et organisent des missions de renseignements – notamment celle du réseau Nemrod qui aboutira à l’arrestation d’Honoré d’Estienne d’Orves. A peine commencée, l’histoire des FNFL est durement marquée par les rebondissements de l’affaire Muselier. Exposées avec précision par Luc-Antoine Lenoir, l’arrestation, la libération et la rupture entre l’amiral et le général de Gaulle troublent les Forces navales sans perturber les opérations : protections des convois de l’Atlantique, reconquête de Saint-Pierre-et-Miquelon, opérations dans le Pacifique, convois vers l’Union soviétique…

Après le débarquement en Afrique du Nord, la fusion entre les FNFL et les marins qui étaient restés sous les ordres de Vichy sera difficile, ce qui n’empêchera pas la Marine française et ses fusiliers marins de s’illustrer en Italie et lors des débarquements de Corse, de Normandie et de Provence. Les humiliations de 1940 ont été glorieusement effacées.

Yves LANDEVENNEC

(1)    Luc-Antoine Lenoir, Résister sur les mers, Une histoire de la Marine française libre, Le Cerf, 2018.

Partagez

1 Commentaire

  1. Maurris Karl

    Feuilletant l’ouvrage de Philippe Simonnot intitulé Le secret de l’armistice (Plon, 1990) je relève une note où l’auteur écorne un peu l’image du Commandeur (en différents autres passages cette mise à distance ironique sinon dédaigneuse est avérée ; rassurons les bonnes âmes : il tape dur sur Laval mais aussi, quoique plus charitablement, sur le Maréchal).
    Ainsi, page 204, une note attachée à un passage traitant de l’attaque de Mers el-Kébir exhibe une opération cosmétique opérée après-guerre par de Gaulle sur lui-même.
    Alors que dans ses Mémoires de Guerre le Général écrivait  » contrairement à ce que les agences anglaises et américaines avaient, d’abord, donné à croire, les termes de l’armistice ne comportaient aucune mainmise directe des Allemands sur la flotte française. »…le 26 juin 1940 (au micro de la BBC), le même accusait Pétain de livrer la flotte « intacte » à Hitler. Simonnot voit dans cette déclaration radiodiffusée une excuse anticipée de l’attaque de début juillet.
    Je cite ceci- presque une anecdote- sans trop savoir qu’en faire…
    Nota : Quant au secret que Simonnot aurait éventé, il tient au rôle de l’Espagne dans l’élaboration de l’armistice.