Finances publiques : Zèle libéral, gel imbécile

Fév 3, 2003 | Economie politique

 

Dans l’ordre économique, l’ultra-libéralisme et le collectivisme stalinien aboutissent-ils aux mêmes résultats absurdes et désastreux ? Cette hypothèse vieille d’un quart de siècle se vérifie actuellement dans un certain nombre de cas.

A la manière du Gosplan, la Commission de Bruxelles applique aveuglément une idéologie inepte et des principes absurdes.

A la manière des commissaires politiques du Parti, les apparatchiks libéraux tentent de nous faire croire que les échecs de leur système sont provoqués par une trop grande timidité dans l’application de la ligne générale. Ainsi, la récession qui menace l’Europe (à commencer par l’Allemagne) ne serait pas provoquée par l’ultra-libéralisme mais au contraire par un manque de libéralisme.

Il faudrait donc réformer de manière plus « énergique » les systèmes sociaux, autrement dit réduire la protection des personnes à défaut de la détruire. C’est ce que réclament l’OCDE et la Commission européenne. Cette dernière exige plus précisément que la France procède rapidement à une « réforme » des retraites…

A la manière des bureaucrates soviétiques, les mêmes commissaires européens viennent de lancer des avertissements à plusieurs pays (Allemagne, France, Italie) qui ont un déficit budgétaire jugé excessif par les maniaques de l’équilibre des finances publiques.

Certes, Jean-Pierre Raffarin et Francis Mer ont rétorqué qu’ils maintiendraient leurs objectifs de baisses d’impôts (inefficaces pour une relance) et les commentateurs ont vanté cette audace. En fait, le gouvernement français continue de respecter le pacte de stabilité – en s’accordant quelques écarts pour tenir compte des promesses électorales. Francis Mer a en effet n’a-t-il pas annoncé un gel des crédits budgétaires qui portera sur 4 milliards d’euros ? Au lieu de procéder à des investissements massifs et à des augmentations substantielles de salaires dans la fonction publique pour soutenir l’activité industrielle déclinante et la demande des consommateurs, on restreint les dépenses alors que nul n’ignore la faiblesse de l’investissement privé et la baisse de la consommation des ménages.

Cette gestion imbécile, qui était aussi celle des oligarques de gauche, créent des pénuries scandaleuses dans un pays aussi riche que le nôtre. La crise des hôpitaux est connue. Et voici que la prestigieuse faculté des sciences d’Orsay annonce qu’elle ferme pendant quinze jours car elle n’a plus d’argent pour payer le chauffage ! Là encore, voilà qui rappelle le soviétisme moribond. Mais il y a entre le brejnévisme agonisant et les raffarinades une différence capitale : la pénurie soviétique était engendrée par les structures de l’économie planifiée, alors que nos « dysfonctionnements » résultent des décisions absurdes de quelques irresponsables. Il serait tellement simple, en France, de changer le cours des choses…

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Article publié dans le numéro 809 de « Royaliste » – 3 février 2003

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