Affaire Snowden : accepter l’inacceptable – Chronique 80

Juil 6, 2013 | Chronique politique | 2 commentaires

Un employé des services de renseignement américains révèle la dimension paranoïaque de systèmes d’écoute et de surveillance qui visent, entre autres cibles, la France, l’Italie, la Grèce. La réaction de François Hollande est ferme.

Le lundi 1er juillet, le président de la République demande aux Etats-Unis de cesser « immédiatement » leur espionnage : « Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés ». Dès lors, les négociations transatlantiques sont remises en question : « on ne peut avoir de négociations ou de transactions sur tous les domaines qu’une fois obtenues ces garanties ». Le gouvernement et la direction du Parti socialiste reprennent le mot : c’est inacceptable !

On se prend à espérer… et l’on péche par optimisme !

Le mercredi 3 juillet, comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal, la France ferme son espace aérien à l’avion du président bolivien, qui est obligé de se poser en urgence à Vienne et d’y demeurer pendant 13 heures. Motif : Edward Snowden serait dans l’appareil, ce qui n’est pas le cas. L’immunité qui protège le président Evo Morales et son avion est délibérément violée sur injonction de Washington. L’humiliation des Boliviens est partagée par tous les chefs d’Etat de l’Amérique latine qui publient des réactions indignées. En deux points, la réponse de François Hollande est pitoyable :

–          « il y avait des informations contradictoires sur les passagers qui étaient à bord » ? C’est confirmer qu’il agissait sur injonction américaine. Depuis quand vérifie-t-on l’identité des passagers qui sont à bord des avions officiels en passe de survoler le territoire national ?

–          «  Dès lors que j’ai su que c’était l’avion du président bolivien, j’ai donné immédiatement l’autorisation de survol ». On aurait donc interdit notre espace aérien à un avion inconnu et il aurait fallu 13 heures pour vérifier qu’il s’agissait de l’avion du président Morales ? C’est se moquer du monde.

Le mercredi 4 juillet, José Manuel Barroso annonce que les négociations sur un accord de libre-échange commenceront le 8 juillet et on apprend que la France s’est ralliée à un « compromis » qui permettra de discuter avec les Américains hors de tout esprit de confrontation sur la question de l’espionnage. Pour sauver les apparences, des groupes de travail seront créés dans un objectif de clarification ! L’inacceptable a donc été accepté, avec une hâte sidérante.

La soumission visible de François Hollande au gouvernement des Etats-Unis se double de discrètes déclarations d’allégeance. Lors d’une visite officielle aux Etats-Unis, du 27 au 29 juin, Manuel Valls aurait, selon la presse française, demandé des « explications » à ses interlocuteurs sur les révélations faites par Edward Snowden. Il a surtout entériné le concept bushiste de « guerre globale contre le terrorisme » à la grande joie des néoconservateurs américains que je publie en note grâce à la vigilance de Laurent Henninger.

L’affaire Snowden confirme la volonté de soumission des dirigeants hollandistes – aux Etats-Unis, à la Commission, à la BCE, à Berlin – alors que la France dispose de tous les moyens nécessaires à une politique d’indépendance. L’agression contre le président Morales constitue quant à elle un fait nouveau, à la fois scandaleux et inquiétant : une oligarchie qui n’hésite pas à piétiner le droit international représente une menace pour les citoyens de la nation qu’elle administre.

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France Embraces the War on Terror

By James Jay Carafano, Ph.D.
July 2, 2013

The world has turned upside down. A few years ago, it was common for Europeans to lecture Americans on how badly Washington had mishandled global terrorism. Terrorists should be treated as criminals, they said. The war metaphor was simply not appropriate.

Fast forward to this Thursday. French interior minister Manuel Valls was in town, meeting with Attorney General Eric Holder, Homeland Security Secretary Janet Napolitano and FBI Director Robert Mueller, to talk all things terrorism. “There is a link between the interior and the exterior enemy,” he acknowledged. Defeating domestic and transnational terrorism was part of the same fight. That tone sounds very different from past, petulant pronouncements issued from Brussels.

Meanwhile, President Obama sounded positively European in his State of Terrorism address at the National Defense University. He declared the core of Al Qaeda all but dead. For the most part, he asserted, the spin-off Al Qaeda franchises were not our problem.

A reporter asked Valls for his assessment of Obama’s speech. “Here is my answer,” Valls responded. “It will last a long time. I don’t know if it’s global, regional or local, but the war against terrorism is far from being over.”

The French minister said he had a list of “monumental” concerns . . . and number one on his list is Syria. Whether Al Qaeda or Assad wins—or if the battle spreads into a larger, regional Shia-Sunni civil war—France is the loser, he implied. The implication: Paris is more than ready to help arm the Free Syrian Army to keep them from losing.

Valls acknowledged the risk of weapons winding up in the hands of Al Qaeda, but—he shrugged—what’s the alternative? A no-fly zone, he said, was too risky. Boots on the ground? Unthinkable. The only solution, Valls suggested, was to keep the freedom fighters in the fight and press them to “triage”—in other words, purge—the hard-core Islamists from their own ranks.

Valls was equally worried about the blowback from the fighting in Syria on France. Foreign fighters from Europe (about six hundred, he estimated) have flooded into Syria in the last twelve months. That’s almost 60 percent of the number that went to fight in Afghanistan over a thirteen-year period. These foreign fighters hail from many European nations—Belgium, England, the Netherlands, Denmark, Sweden, Spain and Italy—but nearly a quarter (some 140 fighters) come from France.

Not far behind his list of worries was the domestic threat from self-radicalization. “We arrested youths in Southern France,” he stated, “they had an Al Qaeda flag in their window. They had almost no knowledge of Islam, but they were assembling a bomb.”

Finally, he warned that Al Qaeda is far from vanquished. “The Sahel is the frontline in the war against Al Qaeda,” he insisted. That is why France fought in Mali.

Valls’ assessment of the terrorism threat is certainly more dire than what one gets from most high-level U.S. officials. And his valuation and defense of American counterterrorism tools sounds more robust than what one hears from the White House. When asked if U.S. drone strikes just create more terrorists, Valls said he saw no proof of that. Asked about NSA surveillance activities, he sounded kind of envious of the agency. Rather than being severely critical of U.S. intelligence operations, he said he wished France had more capabilities like the United States—both in terms of the ability to intercept critical terrorist communications and to protect individual privacy through parliamentary and judicial oversight.

Today it appears that Paris takes the war on terrorism more seriously than does the White House. And that’s something to worry about. While the rest of the free world is finally waking up to seriousness of this threat, President Obama often seems inclined to dismiss it as a thing of the past.

-James Jay Carafano is vice president of defense and foreign policy studies at The Heritage Foundation.

First appeared in The National Interest

http://www.heritage.org/research/commentary/2013/7/france-embraces-the-war-on-terror#.UdbtqLzAnAw.facebook

 

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2 Commentaires

  1. Jacques Payen

    Ces prétendus hommes de gouvernement ?

    On pense à Chateaubriand qui connut tant de leurs semblables.
    « De petits hommes se promènent comme des pygmées sous les hauts portiques des monuments d’un autre âge ».

    Merci pour votre saine et sainte colère. Si peu partagée, hélas !

  2. Gérard

    Oui, Hollande est vraiment pitoyable.

    Le scandaleux blocage de l’avion du président bolivien met en lumière crue l’atlantisme et la vassalité de nos dirigeants (sur ce point, l’actuel n’a rien à envier au précédent !).

    Les postures martiales en direction de la Syrie n’ont pas d’autre explication que cette sujétion devant l’autorité de Washington. Un froncement de sourcils (et un froissement de billets) de l’oncle Sam, et les supplétifs hexagonaux se précipitent vers le râtelier pour décrocher les armes…